Vroum, vroum, vroum, Fiston s’envole et je retrouve ma bagnole!

Une beauté!

Je l’ai écrit il y a quelques jours, Fiston et sa Chérie emménageront ensemble cet été à quelques pas de mon propre terrier. Et, puisque l’élue de mon héritier a une voiture nettement plus rutilante que celle avec laquelle il se déplace lui-même et qui, en théorie, m’appartient, j’aurai aussi le grand bonheur de récupérer sa monture. Parce qu’après tout, en ville, une auto, c’est bien, mais deux, c’est trop.

Je vous explique. Il y a près de deux ans maintenant, ma chère mère m’a gracieusement offert sa Yaris d’un âge déjà vénérable mais ayant bien peu de kilomètres au compteur. Puisque le cadeau m’embarrassait tout de même un peu, Fiston et moi avons alors fait un deal comme le dirait si bien ma chère sœur. Je demeurais la propriétaire officielle, ce qui me conférait le grand privilège de payer l’immatriculation et les assurances du bolide, mais lui s’occupait de tout le reste, ce qui incluait aussi le fait de visiter sa mamie régulièrement (avec sa bienveillance si particulière, il aimait bien la picosser au passage, ce qui la gardait vivante selon lui) et de jouer au chauffeur pour elle lors des diverses petites sorties qu’elle faisait encore à l’époque. Je dois avouer qu’il a respecté notre entente à la lettre, se montrant même d’une étonnante patience en arpentant, cellulaires en main, toutes les rangées du Provigo avec sa grand-maman chérie, jusqu’à ce que notre grand encabanement l’oblige à ne plus la fréquenter d’aussi près et aussi régulièrement.

À l’époque, comme je n’avais été moi-même seule propriétaire d’un véhicule, j’avais un grand fantasme : décorer la bagnole avec de beaux gros autocollants de marguerites, si cool à mes yeux. Me voici donc un soir à partager ce grand désir à Fiston sur Messenger. Ben là, mamannnnnnn, tu n’y penses pas? Tu vas avoir l’air d’une réceptionniste qui s’appelle Linda. Ah bon. Et alors? Ben là, tu n’es pas réceptionniste et tu ne t’appelles pas Linda. Ah bon, c’est bien vrai. Et alors? En fait, je comprenais très bien que pour mon héritier, mon projet si créatif mettrait au grand jour mon côté très quétaine qui le désespérait. Linda-la-réceptionniste, c’était une métaphore. Je le soupçonne en fait d’avoir eu très peur de la réaction de ses chums qui l’auraient vu débarquer du bolide ainsi enjolivé. Mais bon, Fiston, je le connais, ce n’est pas lui qui m’a fait reculer. C’est Fifille. Parce que voyez-vous, ma fille, c’est ma plus grande fan, elle m’encourage dans tous mes projets, allez maman, t’es la meilleure. Et du coup, sa réserve était très éloquente. À mon grand étonnement, elle donnait raison à son frérot (ce qui est rarissime), sans toutefois évoquer Linda-la-réceptionniste que j’appréciais de plus en plus. Bon, ben coudonc, ils ont peut-être raison : je n’ai probablement pas de goût, je suis dépassée, has been et tout le reste. La réaction de ma chère (et jeune) collègue A. à qui j’ai raconté mes déboires quelques jours plus tard a confirmé ce sombre constat. Et j’ai abandonné le projet.

Mais tout ça, c’était dans le bon vieux temps, avant la covid (et tout le temps qu’on a eu pour réfléchir), les aléas de la ménopause (qui eux aussi, ont fait réfléchir) et surtout, ces tribulations grâce auxquelles je n’ai plus d’égo, ce qui est vraiment une bonne nouvelle selon Fifille. Vous me voyez venir? Oui!!!!!!!! En juillet, si la tendance se maintient et que je récupère ma voiture, hop, je l’embellis illico avec de belles grandes marguerites apposées ça et là sur sa carrosserie. Tant pis pour les casse-pieds, incluant mes héritiers.

Et si finalement le véhicule devient un fardeau dont je dois me départir, je ferai un petit rabais à l’acheteur pour le dédommager des heures de grattage qu’il devra se farcir pour le remettre au naturel. À moins que par un bien heureux hasard, je ne tombe sur une charmante acheteuse, prénommée Linda et réceptionniste de son état. Une nouvelle amie en vue, assurément.

Quand tu as un rêve bien réalisable à portée de main, n’en parle à personne, fais-toi plaisir et fonce. Qui de ton entourage de demande tant ton avis, après tout, avant de faire de même?