Nos activités hors domicile étant somme toute assez limitées depuis plus d’un an, plusieurs se sont lancés dans l’embellissement de leur logis, réalisant enfin des projets reportés depuis une éternité. Or, côté rénovations j’ai assez donné, ce qui est une bonne chose puisque des projets d’envergure ne pourraient être réalisés dans mon cher appartement. J’ai par contre toute la latitude pour revamper mon décor (en faisant le moins de poussière possible) et adopter le hygge encore davantage. Cette tendance qui me convient tant, c’est Fifille qui m’y a initiée. Et c’est cette étincelle qui m’a conduite à séjourner chez les vikings avec ma chère amie Julie il y a près de deux maintenant. En bref, un intérieur hygge, c’est un cocon douillet et chaleureux (un terrier, dirait Fiston), aux couleurs apaisantes, où se côtoient des matériaux naturels – bois, céramique, fourrures, etc. – et des accessoires indispensables – bougies, couvertures, coussins et… plantes vertes!
Ah, les plantes vertes! Ma nouvelle passion. Remarquez que je l’avais peut-être dans le sang depuis des années, cette passion, puisque ma chère mère était elle-même, dans le bon vieux temps, une très bonne horticultrice. Je la revois prendre grand soin de ses multiples platebandes (à l’extérieur) et de ses violettes africaines (à l’intérieur). Et encore aujourd’hui, elle tient toujours autant à ce que de nombreux géraniums rouges (toujours) viennent orner sa terrasse une fois l’été venu.
J’avoue par contre que je suis loin d’avoir toute sa science et qu’en fait, je n’y connais rien, aux plantes vertes. J’achète celles qui me plaisent et qui sont faciles d’entretien, petit détail non négligeable à mes yeux. Donc, bien que cela consterne ma chère collègue A. qui, elle, est vraiment calée en la matière, je ne les connais pas par leur ptit nom, les miennes, ni même par leur nom savant. Bien sûr, je les ai lues ou entendues, leurs appellations, en les achetant, mais hop, j’ai déjà tout oublié avant même d’avoir quitté les jardineries où je m’approvisionne.
Et parlant d’achat de plantes, ma toute dernière aventure mérite d’être soulignée ici. Me voici donc samedi dernier, au retour de la marche qui me conduit sur la rue Cartier que j’aime tant fréquenter. Du coin de l’œil, je repère un charmant commerce de proximité justement dédié aux amateurs de verdure de toute sorte. Oh, quel bonheur! L’Amoureux et moi, venons justement d’installer enfin mon pôle à plantes devant ma porte-patio, et il me manque certains spécimens pour compléter le projet. Une fois masquée et purellée, j’entre donc dans la boutique.
Un sympathique conseiller m’aborde et nous entamons la conversation :
Lui : Cherchez-vous quelque chose de particulier?
Moi : Oui, justement, je cherche des plantes, pas trop grosses, retombantes, pour accrocher sur un pôle à plantes, etc. etc.
Lui : Je vois. En voici justement une qui pourrait vous convenir. En plus, elle n’est pas trop chère.
Moi : Coudonc, j’ai-tu l’air d’une BS?
Oupsi. Pouet pouet pouet. Désolée. Je vous jure que c’est sorti tout seul. À moins que ce ne soit les aléas (encore) ou les gênes de mon cher père qui se sont manifestés tout à coup? Quoiqu’il en soit, je n’en revenais pas moi-même et mon conseiller non plus, visiblement. Il s’est mis à patiner pour rattraper sa bourde, qui n’en était pas une, et moi, à continuer la conversation (en réprimant un fou rire) et en ramant pour retrouver le capital de sympathie que j’avais sans doute en entrant dans sa boutique.
Bref, l’histoire finit bien et je suis ressortie plantes et pots sous le bras, en le laissant indemne, du moins en apparence.
J’ai raconté cette histoire à Fifille plus tôt ce matin. Or, alors qu’elle officiait dans une charcuterie il y a quelques années, elle avait eu le malheur de recommander un prosciutto un peu moins cher à une cliente, histoire de lui faire sauver des sous. Mal lui en pris, il n’en a pas fallu plus pour déchaîner la furie qui, et je la cite, aurait pu acheter tout l’étalage de Fifille et même lui payer son minable salaire au passage.
Fiou! Il y a toujours pire que soi. Et du coup, je me sens déjà mieux.
Quand tu t’en veux d’avoir été un peu prompte, relativise les choses et, surtout, rappelle-toi toutes les fois où tu t’es tue alors que tu aurais été en droit de t’indigner. Tu verras bien de quel côté elle penche, la balance.