Mon Mini et la Souricette au pays de leurs ancêtres

Ah! l’heure bénie du dodo de l’après-midi

Comme je le faisais dans le bon vieux temps avec ma chère mère et Fifille toute mini, mon héritière et moi prenons la route, près de trente ans plus tard, avec ses propres descendants, mon Mini et la Souricette : destination LE chalet. Les petits chanceux ne le savent pas, mais ils sont les dignes représentants de la cinquième génération qui s’y rend joyeusement depuis 1971, la propriétaire, ma chère marraine, étant toujours aussi accueillante aujourd’hui.

Fifille et moi, on le sait, cette virée avec les minis risque de n’être pas de tout repos : 1) ils n’ont pas l’habitude de rester ficelés dans leurs bancs d’auto aussi longtemps, ce qui risque de nous faire voir la route du parc de façon légèrement moins bucolique qu’à l’habitude, 2) ils se rendent en terrain, certes tout à fait magique, mais aussi tout à fait étranger pour eux et 3) nous avons le souci de ne pas trop déranger la maîtresse de maison qui, heureusement, en a vu d’autres, et finira même par montrer nettement plus patiente que moi, à 90 ans bien sonnés, avec nos amours transformés en gremlins à certains moments au cours de notre séjour.

Nous voici donc avant le grand départ à transférer tout mon barda vers la voiture de Fifille. Et il y a (déjà) un hic : car avant même de débuter l’opération, je place judicieusement la clé de ma bagnole à l’intérieur de l’habitable et clic, j’appuie sur le bouton dont je ne me sers jamais et je barre, plutôt que débarre, les quatre portes. Nous voilà bien emmerdées. Mais il y a un bon Dieu pour nous : j’ai laissé l’autre clé au Chéri de Fifille, qui aura la grande chance de se promener avec ma monture durant notre exil, et nous sommes toujours dans leur parking, à deux pas de leur terrier, sans dessous-dessus en raison de leur déménagement imminent. Alleluia.

Comme nous avons eu la précaution de partir à l’heure de la sieste, la route jusqu’au tout premier arrêt à l’un des incontournables familiaux auxquels nous souhaitons initier les bambins se passe nickel. Nous entrons triomphalement chez Michelle, après avoir changé la Souricette, qui a vomi dans son banc à l’arrêt du véhicule (elle a le mal des transports comme son papa et sa grand-maman), et croisé tout à fait par hasard ma chère marraine dans le parking de chez Simard. Les petits sont reçus comme des rois, ayant même le grand privilège d’avoir chacun un Mr Freeze bleu gratuit, ce qui n’est jamais arrivé au temps de Fifille et Fiston, après avoir dévoré leurs frites sur la terrasse très peu bucolique du casse-croûte.

Ce n’est que le début de l’aventure. Ils ont ensuite la chance d’expérimenter certaines activités de la vie de chalet : cueillette de fraises sauvages, préparation de la potion des colibris, lecture des malheurs de Sophie sur les genoux de leur grande-tante que la Souricette persiste à appeler « la voisine » et observation de la faune locale dont une cane et ses neufs petits (j’ai une bonne pensée pour elle) et deux belettes pygmées. Celles-là, Fifille et moi, et on était pas vraiment certaines que c’était de la belle visite. Après tout, ça peut être féroces, ce genre de bestioles. Bref, quelques minutes plus tard, les petits et moi, on se munit d’un fusil à belettes, la Souricette, déjà très pragmatique, n’arrêtant pas de répéter que « ça ressemble à une branche ».

Bien sûr, la journée étant tout à fait splendide, une baignade dans l’eau frette du lac s’impose aussi. Pour les enfants et leur mère, évidemment. Parce qu’une mère est une mère (on se rappelle de la cane) et qu’elle doit sauter la première, coûte que coûte, pour assurer la sécurité de ses rejetons. Il y a des moments comme ça dans la vie où c’est tout de même assez agréable d’avoir (un peu) vieilli : moi, je décrète qu’en tant que grand-maman, ce grand plaisir ne me revient plus. Et hop, je lève mon verre à leur courage et répète à ma blondinette : « t’as pas voulu faire un curé, ben travaille ».

Les petits sont adorables évidemment, mais turbulents à leurs heures dans cet environnement convenant désormais davantage aux adultes. Ils doivent sentir que leur mère et moi, on est légèrement tendues, quand ils se chamaillent en criant à 6h du matin, alors que notre hôtesse essaie de dormir encore. Bref, ça se passe un peu cahin-cahin, il y a pluie en vue, et on finit par quitter l’aventure, emportant avec nous nos marmots tout juste réveillés, ce qui nous vaudra un retour un peu plus olé olé que l’aller.

Quand tu pars avec Fifille à l’aventure avec les minis, munissez-vous à l’avance de carburant alcoolisé. Cela vous sera fort utile quand les petits anges se seront (enfin) endormis pour la nuit.