Les enfants et leurs mots si touchants

Tous les parents le savent, nos chers enfants, lorsqu’ils sont tout jeunes et qu’ils ignorent encore quoi dire et quoi ne pas dire à qui peuvent nous embarrasser grandement sur le coup, et nous faire bien rigoler plus tard. Une anecdote à mon sujet et qui est entrée dans les annales familiales en témoigne d’ailleurs de façon grandiose. Me voici donc, toute petite, avec ma chère sœur à qui je dois taper royalement sur les nerfs puisqu’elle me lance tout à un coup une insulte bien sentie. Fidèle à moi-même, j’étais chochotte et rapporteuse paraît-il étant enfant, je m’empresse d’aller répéter les mots de mon aînée à mes chers parents en grande conversation avec un monseigneur (pour vrai) de passage chez nous : Mammmmmmmmmmmmmman, P. m’a dit d’aller ch…! Oups! Ayoye! La honte.

Bien des années plus tard, me voici avec Fifille, qui devait avoir trois ou quatre ans, en train de faire des courses. La voiture familiale refusant tout à coup de démarrer, j’appelle le CAA à la rescousse et on attend. Je ne me rappelle plus si cette pause involontaire avait duré longtemps, mais je me rappelle par contre très bien les mots formulés clairement par ma petite et très loquace blondinette alors qu’elle s’installait à mes côtés, ainsi qu’à ceux du gars du CAA, sur la banquette avant de son pick-up de service : Maman est menstruée. Oups! Ayoye! La honte. Notre bon samaritain était toutefois un vrai gentleman : il n’a pas sourcillé et a fait comme s’il n’avait rien entendu. Fiou!

Quelques années plus tard, c’est au tour de Fiston, lui aussi tout mini, de m’accompagner faire des courses. Cette fois-là, j’étais en quête de serviettes pour notre nouvelle salle de bain du sous-sol. Je trouve assez rapidement ce que je cherchais, mais une fois à la caisse, ça se gâte, la très vieille pincée de service faisant en fait ses tites affaires, comme si je n’étais pas là. Fiston, qui a des antennes et qui connaissait déjà très bien sa mère à cet âge, a dû sentir que je commençais à bouillir et n’a fait ni un ni deux. Bien assis sur le comptoir (je vous l’ai dit, il était tout mini), il se retourne et lance deux mots lapidaires à la caissière qui nous ignore (ils résonnent encore à mes oreilles plus de vingt ans plus tard, c’est vous dire) : Gros péteux. Ouch! Ayoye! La honte. Cette fois, j’aurais souhaité disparaître sous terre tout en me demandant où il avait bien pu entendre de tels termes puisque l’Ex et moi, on faisait tout de même un peu attention à nos paroles. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises, en entendant le gai babillage de Fiston, la chipie se retourne d’un coup (ainsi que tous les clients en attente) et (suspense) : elle rigole. Elle rigole! Je me rends compte illico que je l’avais bien mal jugée, cette charmante conseillère. Et hop, je détale, Fiston et les cristi de serviettes sous le bras.

Ces deux histoires sont bien sûr entrées dans nos annales familiales et j’avoue que ça me fait très plaisir de les raconter.

Quand tu as fait grande honte à tes parents étant petite, ne t’en fais pas outre mesure. Tes propres enfants te le rendront au centuple.