Le boxeur et moi

Battons le fer tandis qu’il est chaud. Comme je l’ai écrit hier, j’ai surtout développé mes capacités intellectuelles, au fil de mes longgggggggggggggues et peu lucratives études, et de mon parcours professionnel en tant que bibliothécaire. Or, vous le savez certainement d’expérience, il y a un bout à tout et ce bout, je l’ai atteint il y a un peu plus de cinq ans. Tannée, tannée, tannée de me casser la tête, fatiguée, fatiguée, fatiguée de tout ça. Il était plus que temps de laisser plus de place au corps, car oui oui, j’en avais un aussi. Je suis gauche, c’est vrai, et peu douée pour les sports, mais bon, de l’énergie à passer et du mauvais à évacuer, j’en avais à la pochetée (comme le dirait ma chère mère).

L’anecdote

Allez savoir pourquoi, je me suis tournée vers la boxe. Pas pour les combats (il ne faut quand même pas exagérer), mais pour l’entraînement. Et avec un vrai ex-boxeur professionnel, une légende de son temps en fait. Légende dont je n’avais jamais entendu parler, ce qui n’est pas si surprenant au fond, mais qui, lui, l’a grandement étonné lors de notre rencontre. Entre ma décision de débuter la boxe et le jour où j’ai mis les pieds pour la première fois dans le gymnase de celui qui allait devenir mon boxeur à moi, il s’est écoulé près d’une année. Le temps de convaincre une amie de m’y accompagner, car je n’avais pas le courage d’y aller seule. Celui qui allait devenir l’Ex sous peu m’avait en effet répété pendant des mois que c’était un sport de morons, ce qui était loin de m’attirer. Or, ça me fait bien plaisir de le dire : il avait tort, l’Ex. La clientèle de l’ex-champion était très comme il faut et nous ne détonions pas tant que ça, mon amie téméraire et moi. Quoique ça amusait vraiment beaucoup notre entraîneur, toujours aussi passionné par son sport, de voir deux bibliothécaires dans la quarantaine avancée peiner sur quelques push-ups. Une première pour lui.

Eh bien, croyez-le ou non, ça a tout de suite cliqué entre cet homme, pour lequel le corps jouait toujours un rôle de premier plan, et moi, l’intellectuelle peu habile. Grâce à l’humour, surtout, que nous avons partagé dès le départ, mais aussi à des échanges plus profonds. À l’époque, j’étais à l’aube d’une séparation douloureuse et il y avait souvent des fins de journées plus difficiles. Mon boxeur à moi le comprenait d’un regard, et savait que ce serait vraiment mieux pour lui s’il reportait ses attentions (pas comme ça, pas comme ci) sur un autre de ses émules ce jour-là.

Il ne le sait pas, mais je lui serai toujours reconnaissante d’avoir été là pour moi. Sans son écoute et son soutien silencieux mais si présents, je n’aurais pas eu le courage de continuer.

Quand tu es complètement fourbue après ton premier entraînement de boxe, il y a quand même de l’espoir. La voiture de ton amie, en morceaux elle aussi, est là, tout près. Reste seulement à arriver à vous y installer.