Ah…le vélo. Quel plaisir! Dès que je me retrouve au guidon de mon bicyle à pédales, je suis à nouveau adolescente. La sensation de liberté ressentie est toujours la même, intacte. C’est d’ailleurs la même chose quand je pratique le ski alpin. Bien que je sois loin d’être une championne, dès la première descente, je suis grisée. J’ai 15 ans d’un seul coup. On n’oublie jamais nos grands plaisirs de jeunesse. Ils sont si ancrés en nous qu’ils réapparaissent, toujours aussi intenses, dès le premier coup de pédales, le premier virage ou la première note. Car c’est la même chose pour la musique. J’en ai d’ailleurs eu une nouvelle démonstration tout récemment, l’Amoureux ayant installé une table tournante chez moi pendant les Fêtes pour que je puisse écouter à nouveau mes vieux vinyles. En quelques instants, transportée par Deux autres bières qui résonnait (très fort) dans mon cher appartement, je ne me revoyais pas dans le sous-sol de la maison familiale de mon enfance, j’y étais.
Mais je reviens au vélo. Toutes mes sorties adolescentes, je les ai faites sur mon cher dix vitesses Peugeot noir que j’ai eu le grand malheur de me faire dérober (avec le rack au complet en fait) aux portes d’un centre commercial. Je ne sais pas trop ce que j’étais allé faire là, d’autant plus que j’ai dû quêter dix cents comme une mendiante pour appeler mon cher père à la rescousse (oui oui, ça coûtait dix cents, à l’époque, un appel sur un téléphone public, et les cellulaires étaient loin d’exister encore.) Mes parents m’ont acheté un autre vélo par la suite, mais à vrai dire, je ne l’ai jamais aimé et Fifille, à qui je l’avais prêté, se l’est d’ailleurs fait voler à son tour bien des années plus tard.
Par la suite, comme j’étais déjà frugaliste à l’époque de ma vie de mère de famille, je me suis acheté un autre vélo (noir) reconstitué à partir de pièces recyclées et surtout bien trop gros pour moi, au dire de Fiston qui l’a baptisé mon bateau. Mais moi, je l’ai beaucoup aimée, cette bécane de ville. D’abord, surtout pour me rendre au travail et, par la suite, après la séparation d’avec celui que j’appelle désormais l’Ex, pour faire l’ensemble de mes courses et déplacements. Quel grand bonheur de filer dans les rues, écouteurs sur les oreilles (quelle voix, quand même, mon cher Pierre), sandales à plateformes aux pieds et jupette en prime. Bon bon bon, je vous entends me gronder. Eh bien, d’autres vous ont précédé et sur leur insistance, dont celle de Fiston qui est pourtant loin d’être le plus prudent tit-jeune de mon entourage, j’ai accepté de me transformer un peu (pas en cycliste à cuissard quand même, il y a un bout à tout) et de porter un casque de protection, bien que j’haïs ça au maximum. Exit donc les écouteurs, les talons et les jupettes, du moins la plupart du temps.
Le fameux bateau ayant quand même ses limites (il fallait que je prenne mes deux mains pour changer les vitesses ce qui fait que j’ai eu mal au poignet droit tout l’été 2017 après une seule sortie) et très encouragée par l’Amoureux qui n’en revenait pas que je me contente de ma modeste monture, j’ai fini par m’acheter un vélo digne de ce nom, sur mesure, à mon goût (léger, léger, léger), de ma couleur préférée (la couleur, c’est important pour moi, que voulez-vous) et fabriqué avec amour par mon cher Youri auquel je suis fidèle depuis pour tout ce qui touche cette activité.
Et cette petite merveille, je l’adore! C’est la bécane des bécanes. Et je vous jure que je verse presqu’une larme quand vient le temps de la ranger pour plusieurs mois, quand il commence vraiment à faire trop frette pour mes balades à la fin de l’automne.
Quand les années ont passé et que tu peines à trouver des activités qui te feraient plaisir, repense à ce que tu aimais par-dessus tout pendant ta jeunesse. Et replonge. Tout ce que tu risques, c’est de redevenir l’adolescent(e) que tu étais et qui dort toujours en toi.