Fifille et moi, on se fait belles!

Déjà toute petite, Fifille était fascinée par l’imposant attirail de maquillage de sa grand-mère paternelle. Il faut dire que mon propre équipement était déjà plutôt minimaliste et que les cinq minutes que je passais à me farder plus ou moins adroitement chaque matin avait dû lui échapper. C’était donc un spectacle assez inusité pour elle (et pour moi aussi d’ailleurs, je l’avoue) de voir une femme mettre tant d’efforts à manipuler différents flacons et pinceaux pour se faire une beauté. Je la revois, toute mini, assise sur une commode, à côté du miroir grossissant dans lequel se mirait son aïeule, complètement fascinée. Et chaque fois que Fifille et moi quittons le spa et que nous nous préparons en vue du cinq à sept qui suit cette sortie annuelle, je ne peux m’empêcher de repenser à ces moments de son enfance. Car à mon tour, je suis captivée à la regarder se faire belle, munie de tous ses accessoires et fluides dont la variété m’impressionne grandement.

C’est donc tout naturellement que pendant ma convalescence, à la suite de la saloperie, Fifille et moi avons tenu des activités beauté dans mon cher appartement que j’avais du mal à quitter. Or, parmi celles-ci, outre l’huile de coco dont nous aimions bien nous tartiner la chevelure, il y avait les opérations masques. Hydratants, purifiants, tonifiants, raffermissants (pour moi, bien sûr), et j’en passe.

Quelques années plus tard, une fois confinées chacune de notre côté au printemps dernier, nous avons eu l’idée remettre ça, mais à distance. Cette fois, par contre, il nous fallait être plus créatives puisque ni l’une ni l’autre ne mettions les pieds dans un commerce à l’époque. Il nous semblait aussi un peu hasardeux de confier la mission de nous acheter un masque quelconque à l’Amoureux et à son Chéri qui faisaient tous les deux, chacun de leur côté évidemment, les courses de leur ménage respectif. Bref, nous avons opté pour un masque maison de confection très simple. Trois ingrédients : de l’avoine, du miel et un œuf. Nous voici donc sur Facetime, chacune ayant son petit mélange (qui ne payait pas nécessairement de mine) à la main, devant le miroir de notre salle de bain. Même si nous avions déjà de gros doute sur le succès de l’opération (à vue de nez, la mixture semblait un peu liquide), nous plongeons. À Go, on se met ça dans la face! Oups. Comme nous l’avions pressenti, la mission ne se passe pas vraiment comme prévu. On s’amuse, mais ploc ploc ploc de grands pans du masque-maison se détachent et menacent de boucher le drain de nos éviers respectifs (moi, je suis chez l’Amoureux, mais quand même). Devant l’échec de notre mise en beauté, nous finissons par abdiquer en riant. Notre teint n’a pas bronché, mais nous avons chacune une salle de bain à nettoyer. On ne nous y reprendra plus.

Je me retrouve donc bredouille, avec mon petit bol encore à moitié rempli de si bons ingrédients. Il me vient alors une inspiration toute frugaliste (je n’aime pas trop gaspiller, comme on sait) : et si j’ajoutais un ou deux trucs, ça pourrait faire de bons petits muffins, cette potée récupérée? J’avais raison, en voici la preuve.

Mioum!

Quand l’une de tes initiatives n’a pas les résultats escomptés, ne te décourage pas tout de suite. Réfléchis. Ton échec pourrait bien se transformer en quelque chose de délicieux.