Être ou ne pas être palotte

Être palotte (sans accent circonflexe sur le « a »), comme le dit si bien ma chère mère, ce n’est pas un compliment, du moins dans ma famille. Je ne sais pas si vous connaissez l’expression, mais ça veut dire être malhabile, gauche, peu adroit. Bref, vous avez compris. J’en ai déjà parlé, c’était le cas de mon cher père, plutôt intellectuel et très très peu manuel, même s’il adorait fréquenter les quincailleries et se munir des différents outils nécessaires aux menus travaux domestiques. Et vous le devinez j’imagine, c’est aussi mon cas (merci merci à mes gènes paternels), la très grande majorité du temps.

L’anecdote

Me voici donc il y a quelques années avec Fiston en garde partagée. Allez savoir pourquoi, je me suis mise à casser différents trucs assez régulièrement : verres, tasses et même ma statuette d’ivoire, si précieuse à mes yeux et directement venue d’Afrique il y a déjà une éternité dans les valises de mon cher oncle missionnaire. Et allez savoir pourquoi encore une fois, ces maladresses exaspéraient grandement Fiston (après tout, je n’ai jamais cassé quelque chose qui lui appartenait et qu’il aurait dû remplacer). Je me rappelle comme si c’était hier la fois où j’ai eu le grand bonheur d’aller prendre un verre avec Fifille et Fiston en même temps, ce qui est rarissime, sur une superbe terrasse près de chez moi (c’était dans l’ère pré-covid, bien sûr). Et paf!, verre arrivé, verre cassé, coupure à la main en prime. Loin de s’émouvoir de ma blessure et de ma déconfiture (mon apéro était fichu, quand même), mon héritier en a rajouté. Non mais qu’est-ce qui me prenait encore? Franchement, maman, fais un peu attention. De quoi on a l’air? Pouet pouet pouet, comme le dirait ma collègue M.

J’avoue que ces maladresses répétées commençaient aussi à m’inquiéter un peu. Avais-je la chance d’avoir développé une nouvelle saloperie, celle-là s’attaquant à ma motricité? Ce serait possible quand même, on ne sait jamais. Je le sais, je peux avoir le sens du drame et une tendance à l’hypocondrie à l’occasion. Finalement, après avoir racheté certains trucs lorsque c’était possible, j’ai fini par comprendre le problème : je n’étais pas vraiment . En clair, je ne faisais pas attention à ce que je faisais et le plus souvent en fait, je regardais ailleurs.

Aujourd’hui, même s’il m’arrive encore de casser des choses, étonnamment surtout mes chères (dans tous les sens du terme) tasses en double-verre qui éclatent si bien en morceaux (chaque fois, je me fais un devoir de le signaler illico à Fifille : Tu sais pas quoi? Ben maudit, je viens encore de casser l’une de mes chères tasses!), j’ai appris la leçon et je m’efforce d’être le plus souvent possible ici et maintenant.

Quand tu deviens tout à coup encore plus malhabile qu’à l’habitude, ne t’inquiète pas trop. Ralentis simplement un peu et tout devrait rentrer dans l’ordre.