Je suis en congé de course, officiel car prescrit par ma chère physio à la suite de ma dernière visite à son bureau. Les responsables : mes deux blessures au bas du corps, genou gauche et mollet droit, dont je n’ai pas tenu assez compte lorsqu’elles se sont manifestées en continuant l’entraînement malgré tout. Si j’ai tout de même un peu réduit la cadence, je n’en ai pas fait assez pour ménager ma carcasse et elle me le fait bien sentir.
Je le savais bien, que ma physio m’arrêterait, comme on dit. Mais ce que je ne savais pas, c’est à quel point cette décision allait me soulager. Elle venait en fait de me donner la permission (enfin!) de m’accorder un temps d’arrêt, un répit et ce, sans me sentir coupable. Car la culpabilité, je connais. Du coup, je réalise aussi avec quelle dureté je me traite moi-même, envers et malgré tout. Et ça m’effraie. Parce qu’à la suite de la grande débâcle de la saloperie, j’avais appris à mieux prendre soin de moi, par la force des choses me direz-vous, mais quand même.
Je réalise que mes sorties de course étaient en fait souvent des corvées, et ça aussi, ça me fait peur de l’écrire. C’est certain que je retire une grande fierté d’avoir réalisé tout l’entraînement pré-marathon (de Rimouski, annulé, évidemment) entre janvier et août. C’est déjà un grand accomplissement pour moi. Et je me demande si l’atteinte de cet objectif ne vient pas en quelque sorte boucler la boucle de toutes mes années d’entraînement? Je me sens apaisée en en fait et même libérée. D’une contrainte que je me suis moi-même imposée depuis tout ce temps.
Peut-être que mes blessures et cet arrêt dicté par la physio sont des signes qu’il est temps pour moi de passer à autre chose? De plus doux. À autre chose qui ne soit pas un combat contre moi-même pour prouver (à qui?) que moi aussi, je suis capable. Capable d’être une coureuse.
Quand tu poursuis une activité de façon régulière pendant des années, accorde-toi le temps d’arrêter et de prendre un certain recul. Tu pourrais avoir des surprises.