Nous nous sommes rencontrés à ma onzième journée d’existence, à l’occasion de mon baptême, programmé le jour de son anniversaire. Alors qu’il célébrait ses vingt-cinq ans, il avait accepté de jouer le rôle de mon parrain salaud (comme le dit ma chère mère), le vrai parrain étant alors à l’étranger avec ma chère marraine. Je ne sais pas si c’est à partir de cette rencontre, où plutôt des suivantes (puisqu’il avait la chance de résider dans la même ville que nous lors de ses études de médecine, il nous a gardées à l’occasion, ma chère sœur et moi), mais une relation particulière s’est tissée peu à peu par la suite entre nous. Bien que j’aime vraiment beaucoup (et c’est peu dire) tous les frères et sœurs de ma chère mère, il a toujours été mon best (comme le disent les jeunes).
Alors mon cher Tonton, c’est donc à ton tour de souffler aujourd’hui tes quatre-vingt bougies. Je me faisais une fête à l’idée de célébrer cet anniversaire in situ en me rendant dans la belle région de mes ancêtres avec l’un de tes enfants (ma chère cousine ou mon cher cousin) comme je l’avais fait lors de ton soixante-dixième. Eh bien ce sera partie remise.
Voici donc quelques souvenirs qui me reviennent quand je pense à toi.
Tu as toujours été mon préf, je viens de le dire. Et à ce titre, tu m’intimidais grandement même lorsque j’étais toute mini. Or, lors de l’un nos séjours des Fêtes en famille dans la vieille maison (celle de ma chère grand-mère), tu m’avais gardée la veille de Noël, mes parents (et toute la maisonnée selon mon souvenir) étant partis à la messe de minuit. Et moi, comme d’habitude quand j’étais stressée enfant, j’ai vomi pendant la nuit. La honte. Je voulais disparaître sous terre (et ce n’est pas une farce, je m’en souviens encore comme si c’était hier). Mais toi, tu m’as changée. Tout simplement.
Par la suite, bien que nous ne nous voyions pas souvent, nous sommes devenus complices lors des mémorables tournois de cartes familiaux que tu organisais aux Fêtes. Tu m’as désignée marqueuse officielle des résultats des innombrables parties jouées lors de cet événement. Je me souviens que je prenais ce rôle très au sérieux et qu’à la fin, tu passais le chapeau pour recueillir les dons de tous pour me récompenser un peu. Je me souviens aussi que chacun recevait un prix, au moins de participation, au terme de chacun de ces tournois annuels.
Bien des années plus tard, alors que je peinais sur mon mémoire de maîtrise en plein été, nous sommes allés pêcher à ton cher chalet, l’Ex et moi, en votre compagnie, à toi et à l’un de tes chers frères, l’espace d’une fin de semaine qui m’avait fait un bien fou. Les équipes de deux ont rapidement été formées et je me suis retrouvée dans une chaloupe, seule avec toi et toute mon inexpérience en matière de pêche. Mais ça n’avait aucune importance pour dire la vérité. Il faisait une chaleur torride, nous n’avons pas pêché grand-chose, mais nous en avions profiter pour discuter j’imagine et surtout, fumer ensemble comme des pompiers pour éloigner un peu les moustiques.
Ce ne sont que des anecdotes, bien sûr, mais elles me sont toujours très chères aujourd’hui. Les années ont passé, c’est vrai. Mais je peux encore sentir à chacune de nos rencontres la complicité qui nous continue à nous unir. Et sache qu’encore aujourd’hui, tu es toujours mon préf et le seul, ou presque, qui persiste à m’appeler Catou.
Allez, bon anniversaire Tonton! On se reprend en 2022 pour les festivités!
Quand ton oncle préféré célèbre ses quatre-vingt ans, respire, car ce n’est pas rien. C’est tout un pan de ta jeunesse qui te revient d’un seul coup.