Ce grand moment, c’était hier soir (avant le couvre-feu), alors que Fifille, son Chéri et moi, on regardait bébé se nourrir lui-même avec grand bonheur mais de façon assez salissante (heureusement qu’il porte des bavoirs de type couvre-tout, comme on en avait jadis au primaire pour faire de l’art plastique). Entre deux gins tonic, gracieuseté de mon cher gendre, je ramasse donc le gluant morceau de banane que mon Mini adoré vient de pitcher une fois de plus par terre, en lui disant quelque chose comme : bon, grand-maman va encore ramasser ta (cristi) de banane. Et là, nous vous le jurons tous les trois, mon souriceau a dit banane lui aussi! Sous le choc, nous avons tellement ri que Fifille en pleurait.
Bon, il n’a pas dit maman, ni papa, ni grand-maman Souris, mais quand même, quelle précocité! Il doit tenir ça de sa mère qui a elle aussi parlé (beaucoup) très jeune et qui ne s’est jamais arrêtée depuis. Les heureux parents m’ont affirmé que leur héritier balbutiait aussi lait à l’occasion. Quand j’y pense, ce n’est pas si étonnant que les premiers mots de notre bébé soient associés à la nourriture. Fifille et son Chéri cuisinent en effet déjà beaucoup pour eux-mêmes et désormais aussi pour mon Mini qui a adopté la DME depuis quelques jours. De kessé?, comme le dirait si bien ma collègue A. Il s’agit de la diversification menée par l’enfant aussi appelée l’alimentation autonome chez bébé. En clair, le chérubin est convié à manger tout seul, avec ses petites mains potelées, les morceaux d’aliments choisis avec amour par ses parents. Exit donc les purées et le blender, appareil tout à fait essentiel dans mon temps : bébé découvre les textures et les saveurs à son rythme (faut vraiment pas être pressé et avoir une bonne moppe sous la main).
Pour Fifille et son Chérie, les avantages de l’alimentation autonome dépassent nettement ses inconvénients (leur laveuse ronronne pratiquement à temps plein, mais bon, c’est pareil chez moi, fait que…). Et c’est certain qu’une fois le choc des premiers repas passé, j’imagine qu’on s’habitue (un gin tonic devant tout de même aider grandement). Car un bébé qui n’a pas de dent et qui mange des aliments en morceaux, ça peut être très stressant, je vous le garantis. La première fois que j’ai été témoin de cet exercice, j’ai failli pleurer à voir mon Mini adoré s’étouffer pratiquement avec l’un des lambeaux de fraises qu’il tétait frénétiquement. Ben non, maman, ça pratique son réflexe nauséeux (je le sais, c’est dégueu) m’a alors dit Fifille, déjà vieille routière de la DME après quelques jours seulement, mais en m’avouant du même coup qu’elle avait eu très peur elle aussi au premier repas en solo de la prunelle de ses yeux. Ouf! Fiou! Si ses hauts le cœur peuvent éviter à mon Mini de s’étouffer, va pour les hauts le cœur.
Bref, moi, tant que Fifille et son Chéri s’entendent sur les méthodes d’alimentation, de sommeil et du reste en lien avec leur petit amour, c’est parfait. Et je suis la grand-mère (et la belle-mère) idéale : quand j’ai le grand bonheur d’être avec eux, je ne dis rien, je ne commente rien et surtout, je ne donne pas de conseil. Je chill (et je plie des montagnes de linge).
Quand ton petit-fils de six mois te fait un grand sourire à ton arrivée chez lui, savoure ce moment de grâce. Rien n’a plus d’importance que cet instant magique et pour une fois, tu y arrives à être là, ici et maintenant.