LA crisse d’orteil ou comment devenir dingo en huit semaines

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Celles et ceux qui me connaissent le savent, c’est un grand bonheur pour moi de chausser mes chères gougounes le plus tôt possible au printemps et de les enlever le plus tard possible à la fin de l’été. Malheureusement, il y a quand même des risques à se promener aussi légèrement chaussée par terrain accidenté.

Me voici donc par une belle journée du mois d’août déambulant gracieusement sur les rives ensablées du fleuve quand, paf, l’incident se produit : une branche s’introduit dans le coin de mon gros orteil droit. Ouch, évidemment, mais bon, y a rien là, tout baigne, comme dirait ma chère sœur. Et effectivement tout baigne jusqu’à ce que je me rende compte, la semaine suivante, que ledit orteil est passablement rouge, enflé et quand même douloureux. Bon, me voilà bien emmerdée. Comme je suis de nature inquiète et que j’ai une peur bleue de l’infection (juste l’écrire, ça me stresse), je prends rendez-vous au dépannage offert par mon GMF. À l’heure dite, je suis reçue par un médecin nettement plus âgé que moi, ce qui est quand même assez rare désormais. Hop, il extrait du liquide de la plaie pour le faire analyser, nettoie tout ça et me donne les conseils d’usage : dix jours de trempettes du dit orteil dans de l’eau salée ou javélisée, suivie d’une couche mince de crème antibiotique, tout ça sous haute surveillance de ma part, au cas où « ça n’irait pas vers le mieux » et que des antibiotiques oraux seraient requis.

Après un mois d’examens de plus en plus vigilants, sans grande amélioration observable, et avant que Fifille ne me fasse interner (je suis un peu devenue obsessionnelle de l’orteil en fait), je prends un nouveau rendez-vous au dépannage. Cette fois, je rencontre une charmante résidente qui se veut rassurante mais qui ne fait pas grand-chose en fait : « tout va bien, faut attendre, dans votre condition (!), c’est plus long à guérir et de toute façon, après un mois, ça ne donne plus rien d’ouvrir pour investiguer ». Ben coudonc : je la crois très moyen, d’autant plus que j’ai mon cristi de voyage du rituel trempettes-crème antibiotique-surveillance qui est loin d’ensoleiller mes journées.

Il faut aussi dire qu’à cause de cet incident et de la COVID qui s’est invitée durant la même période, j’ai dû abandonner plusieurs de mes activités : adieu donc ma chère course, les longues randonnées, les sorties, etc. Mine de rien et sans vraiment m’en rendre compte, je me suis peu à peu transformée en une larve inquiète, écrasée sur mon divan.

Une autre semaine passe. Ma santé mentale dégringolant encore plus bas de jour en jour puisque, non, ça ne va vraiment pas mieux, je me résous à déranger mon cher oncle médecin spécialiste qui me confirme ce que je redoutais : faut ouvrir, y doit rester un débris là-dedans. Me voilà donc sur le web en quête d’une personne experte dans ce genre d’intervention, parce que le dépannage, non merci, j’ai déjà donné. Il faut croire que dans toute cette merde, il y a finalement eu un bon dieu pour moi car, au fil de mes navigations, je découvre que certain.e.s podiatres ont ce genre d’expertise : l’extraction de corps étrangers. Bingo : j’appelle et ô miracle, j’ai rendez-vous le lendemain. Je ne le sais pas encore, mais je suis à la veille de rencontrer celle qui allait me sauver la vie. Professionnelle, rassurante et empathique : en plein ce qu’il me faut quand j’aboutis en clopinant dans sa clinique, l’anxiété tellement dans le piton que j’ai presque supplié l’Ex de m’accompagner à ce rendez-vous pourtant assez banal. J’ai bien fait, parce que l’experte qui allait devenir l’une de mes pref a déclaré sur le champ : « on opère tout de suite, ça va prendre trente minutes, une broutille ». Oups, c’est que moi, j’ai peur de toutes les interventions, incluant les mineures. Ça doit me paraître dans la face, cette terreur, parce que ma sauveuse jette un regard sur son assistante qui vient me tenir la main pendant l’exercice tout même assez pénible de l’anesthésie locale. Traitement VIP. Bref, tout se passe nickel et pendant l’intervention j’ai le temps de raconter tous les détails de ma mésaventure. Mon récit a l’air assez divertissant et, comme me l’a promis ma sauveuse, je ressors de sa clinique trente minutes plus tard une belle catin à l’orteil et un rendez-vous de suivi dans un petit sept jours : le grand bonheur pour l’anxieuse finie que je suis devenue au fil des semaines.

Bref, trois semaines ont passé depuis la microchirurgie, et plus de deux mois depuis l’incident, et elle avait raison, ma podiatre-chérie, son intervention a réglé le problème et l’orteil maudit est pratiquement redevenu normal. Une chance, parce que cristi que chu tannée, que j’t’écoeurée, que ça va tu finir?

Quand tu te répètes en boucle depuis des jours que tu n’en peux plus, pense au concept de l’impermanence et crois-y très fort que ça passera. Parce que ça se peut que ta galère s’étire encore.

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