Je l’ai déjà écrit, mon cher papa avait des dictons bien à lui et très peu de patience avec ceux qu’il qualifiait de caves. Cette courte phrase lapidaire, il la ressortait donc à l’occasion. Et elle est entrée dans nos annales familiales, ma chère sœur et moi aimant bien nous en servir aussi, en dignes héritières de cet homme qui ne l’envoyait pas dire quand quelque chose ne faisait pas son affaire.
Me voici donc samedi dernier avec l’Amoureux, en quête de nos skis de fond remisés dans l’espace qui m’est alloué au deuxième sous-sol de mon immeuble, depuis ma si enivrante sortie de l’an dernier. Oupsi. Une fois sur les lieux, nous constatons tout de suite qu’il y a un gros hic : la porte d’entrée de l’espace de rangement est inaccessible, des travaux étant en cours (comme on le sait) dans ce fameux deuxième sous-sol depuis un méchant bout de temps déjà. Mon compagnon étant un brin téméraire, il entre tout de même dans l’espace entoilé et interdit d’accès pour constater qu’un peu plus loin, ma remise est tout aussi condamnée, entoilée elle aussi et tapée à souhait. Bon bon bon. Qu’est-ce qu’on fait? Bottes de skis aux pieds, mon bel élan sportif interrompu, je sens mon enthousiasme fondre à la vitesse grand V tandis que mon courroux ne cesse de croître de son côté. Car, comme on le sait aussi, je n’aime pas trop être brimée, surtout de façon aussi inopinée.
Bref, je ne fais ni un ni deux et j’appelle le gardien de sécurité à la rescousse. L’homme (que je connais assez bien) vient nous rejoindre aux portes de l’entrée désormais interdite. Son verdict est implacable : Impossible. On ne peut y aller. Trop dangereux. Rappeler lundi. Heu. Tu parles, Charles! Et notre virée en ski alors? Oubliez ça. Rappeler lundi. Déception, le mot est trop faible : je bouille tellement que je marmonne en boucle des termes assez grossiers et bien peu élogieux que je n’ose répéter ici. Ma litanie se poursuit pendant au moins une heure, tandis que l’Amoureux et moi marchons, nos raquettes en main, vers mes chères Plaines, admirant au passage les charmants et bruyants participants du convoi pour la liberté. Quand ça va bien, ça va bien. Tout en répétant mes insultes en boucle, je me dis que les crampons de métal sous mes raquettes pourraient quand même être d’une certaine utilité en cette belle journée de tintamarre, mais bon, j’y pense (on peut toujours rêver), mais je ne fais rien, bien sûr.
À notre retour, il me fait grand plaisir d’écrire un très beau message décrivant mon mécontentement avec grande éloquence aux gestionnaires de mon immeuble. Ça me calme un peu en attendant le jour béni du lundi suivant, aujourd’hui en fait. Ma missive a été lue : ce matin, mon téléphone sonne. Rebelote, je redescends au deuxième sous-sol avec un autre gardien de sécurité, plus téméraire que son collègue de samedi : et hop, j’entre à sa suite dans l’espace interdit et hop, il détape une partie de la toile qui tapisse la devanture de ma remise. Et là, ça se produit : What’s that? De kessé? Mes chères affaires ont disparu! Remplacées par celles d’un.e autre locataire visiblement moins porté.e sur le sport que moi : vieux bbq, pneus et autres horreurs encombrent désormais mon ex-remise. Je suis sidérée. Mais quand a pu avoir lieu cet outrage?
Le pire était par contre toujours à venir car le gardien de sécurité a tout à coup eu l’air de se demander si j’avais bien tous mes esprits et si je me rappelais vraiment l’endroit où était entassé mon fourbi. Eye, chose, ça fait six ans que j’entrepose des trucs dans cette (cristi) de remise désormais maudite, je pense que je suis encore capable de la retrouver (malgré votre bordel). Et je lui fais un bref inventaire de tous les trucs qui s’amoncelaient là-dedans. Heu. Je vais fouiller madame, on va les retrouver vos affaires, mais ça aiderait si vous aviez le numéro de votre remise. Perdon? Le numéro, il était écrit sur un tit-carton accroché à la clé et voyez-vous, en six ans, le tit-carton s’est pas mal abimé, donc le numéro, il a disparu. C’est embêtant…
Je me dis alors qu’aucun registre, fichier Excel ou autre n’existe pour associer les locataires, à leur numéro d’appartement ainsi qu’à leur numéro de remise. Du coup, l’admiration (c’est un bien grand mot) que je portais à l’administration de mon immeuble en prend pour son rhume. Mais ce n’était pas tout à fait ça. Il n’y avait qu’un numéro de remise orphelin, le 75. Donc, les champions se sont dit que le ou la locataire qui verrait un jour que son barda a disparu finirait bien par se manifester (sans blague, ils m’ont vraiment dit ça). J’aime mieux ne pas commenter cette grande leçon de service à la clientèle.
La conclusion : mes affaires ont été déplacées, avec une certaine délicatesse j’espère (mais j’ai des gros doutes) dans une nouvelle remise, la 280, située tellement loin de mon terrier que ça va me prendre un char pour les récupérer. Et une question demeure toujours en suspens. Pourquoi diable avoir vidé mon espace et déplacé mes trucs quelque part, si c’était pour le remplir par la suite avec ceux d’un.e autre? Énig.
Quand tu penses que tout va mal, méfie-toi, l’Amoureux a raison : ça peut toujours être pire.
Fâchée « au boute » la Catou…!
Avec raison !
Tout ton fourbi disparu de ton espace alloué par le propriétaire….quel genre de gestion et surtout de communications avec ses locataires….il aurait dû vous informer de cette situation.
Allez…allez ne te fais plus de bile….c’est pas bon pour le cœur.
Bonne saison hivernale avec tes skis,tes raquette,ta « crazycarpette »