L’heure étant grave, Fifille et son Chéri ont mis à exécution leur plan évacuation de la Souricette et de sa maman en cas d’éventuelle alerte covid à domicile, le virus ayant pu leur être ramené inopinément par mon Mini adoré à la suite d’un séjour de quelques heures au CPE. Mère et fille ont donc pris la direction de mon si sécuritaire terrier samedi soir dernier, accompagnées de leur imposant fourbi. Et depuis lors, ma routine si tranquille habituellement est légèrement chamboulée.
Heureusement, je suis de nature prévoyante. En transformant l’ancienne chambre de Fiston en bureau en 2020 (télétravail oblige), j’ai rapatrié un futon acquis par l’Ex et moi il y a plus de trente ans et conservé chez ma chère mère depuis de nombreuses années. Me voici donc, en attente de mes squateuses et en bonne ra-maman, à déployer le vétuste engin et à starter la première de mes nombreuses brassées destinées à redonner un peu de fraîcheur à la literie abandonnée par Fiston. Car je sais recevoir et ma décision est sans appel : je laisse ma chambre (assez grande pour accueillir tout leur barda) et mon grand lit si douillet à mes héritières. Elles seront confortables et moi, au creux de mon futon qui s’est quand même tassé au fil du temps, je serai propulsée vers mes vingt ans. Le bonheur!
Notre cohabitation s’amorce. Entre ses courtes périodes d’éveil (qui s’allongent au fil des jours et qui ne sont pas toujours très reposantes), la Souricette dort, bien lovée contre sa maman et Fifille et moi, on chille. Nos rôles se définissent rapidement : la jeune maman s’occupe de bébé 2 et moi, je gère l’intendance domestique : à moi donc les si palpitantes activités de la vie d’une mère désormais grand-mère : bouffe, lavage, ménage, épicerie, re-bouffe, re-lavage, alouette. Et du coup, mes années de mère affairée me reviennent en mémoire. Ah! Que de beaux souvenirs!
Durant la journée, Fifille se prélasse sur le radeau (mon divan) en écoutant en rafale les épisodes d’une sanglante série, sa petite toute collée contre elle. Les jeunes parents font régulièrement le point, via Messenger vidéo, sur leur situation inusitée, isolé chacun de leur côté avec un rejeton. Entre les dernières nouvelles des symptômes qui pourraient se manifester au fil des jours rapportés méticuleusement par le papa aux aguets, j’entends alors le gai babillement de mon Mini adoré, tout content de revoir sa petite sœur (qu’il a cherché désespérément chez lui au tout début de cette séparation familiale inattendue) et sa maman. Moi, je me tiens bien loin de la caméra : mon Mini serait certainement un peu peiné de voir que sa mère et sa sœur sont avec sa ra-maman, et pas lui, même s’il passe ses journées avec son papa chéri. En fond sonore : de façon assez constante, le ronron de ma laveuse, de façon plus intermittente, le bruit d’un marteau-piqueur à l’œuvre au deuxième sous-sol de mon immeuble et, de façon aussi épisodique mais plus prévisibles, les pleurs de la Souricette qui a son voyage (elle aussi) en soirée.
Mon Mini et son papa ayant testé négatif encore une fois ce matin, les femmes de leur vie ont pu rentrer au bercail. Et moi, un peu nostalgique déjà de notre cohabitation inattendue, j’ai retrouvé le calme de mon terrier, le marteau-piqueur ayant lui aussi déserter mon immeuble.
À ma fille. Quand tu doutes, quand tu te remets en question et que tu te sens coupable un peu parfois, n’oublie pas l’essentiel : tu es formidable!
J’aime bien te lire d’autant plus qu’à ces petites histoires éphémères émergent de belles images et de beaux souvenirs.
Merci.
Merci pour elles!
Ces petites squateuses!