Cocotte et sa crête

Par les temps froids qui courent, Cocotte, l’une de nos trois poulettes domestiques en arrache avec sa crête qui faisait pourtant toute sa fierté au temps chaud. Elle a perdu de son panache, c’est le moins qu’on puisse dire, sa parure ayant gelé et ratatiné par la suite. Il faut dire que Cocotte et ses colocs, Colette et Coquette, sont des poules à part des autres selon ma chère mère qui n’y connaît pas grand-chose. Elles passent pratiquement toutes leurs journées dehors, dans l’espace extérieur de leur poulailler, alors qu’elles pourraient se la couler plus douce, près de l’ampoule destinée à réchauffer leur pondoir.

Les poulettes et nous

En mars 2020, l’Amoureux et moi, nous voyant collés chez lui au moins jusqu’en septembre 2020 (!), on a décidé d’adopter des poules. Rien de très spécial pour lui, grand éleveur de volailles diverses destinées à finir dans la casserole par ailleurs. Et, comme plusieurs autres l’ont aussi compris (il y a même eu une pénurie de poules au printemps dernier), le confinement c’est le moment idéal (c’est comme pour les chiens en fait, en pénurie aussi). Parce que poules pondeuses, c’est bien pratique (ça pond des œufs après tout), mais ça nécessite de la présence quasi-quotidienne. Nous voici donc l’Amoureux et moi à fouiller sur Internet en vue d’esquisser un plan (très très) sommaire et de bâtir un poulailler un peu à la dernière minute, en avril dernier, l’arrivée des nouvelles pensionnaires étant prévu au début mai. Une affaire de rien, selon celui qui en avait vu d’autres, en deux jours ce sera fait. Bien que j’avais des gros doutes (il y a quand même certaines spécifications dont il faut tenir compte quand on s’attaque à un tel projet et j’en ai vu d’autres moi aussi, côté construction), je l’ai suivi dans l’aventure. Du moins au début. Parce que finalement, les choses se sont tout de même étirées un peu (pas mal), et j’avoue que c’était pas mal moins drôle de le voir s’affairer sur son projet, alors que ma motivation et moi étions laissées toutes seules à nous-mêmes, et sans l’athlète, pour poursuivre notre entraînement de course pré-marathon (qui a été annulé comme on sait). Mais bon, il fallait ce qu’il fallait et à leur arrivée, les poules, qui étaient trois plutôt que deux, l’Amoureux ayant prévu que si l’une d’elle se faisait écraser par une voiture, l’autre ne resterait pas toute seule, ont pu intégrer leur domicile pratiquement terminé. Car malgré les valeureux efforts du propriétaire, il restait en effet quelques bricoles à compléter.

Nous voici donc un beau samedi à ajuster les derniers éléments de la chaumière déjà habitée, dont la porte à bascule du pondoir de ses majestés. Ça, c’est moi qui s’en occupe (ça devait être une broutille). Or, pour bien faire le travail, il faut bien que je vérifie si elle bascule, la porte à bascule. Alors, bien doucement (je vous le jure), j’essaie. Erreur, Colette (la mégère du trio) était installée dans le pondoir qui s’est donc incliné vers l’arrière avec elle dedans, sans qu’elle n’en ait été prévenue. Ouf! On l’a su qu’elle avait été dérangée, notre pin-up. Quelle clameur! Même l’Amoureux, qui s’y connaît pourtant en bestioles, n’avait jamais entendu un tel ramage.

Février 2021 : nous sommes toujours encabanés, près d’un an après avoir pris la décision d’accueillir des poules au domicile de l’Amoureux. Moi, comme on sait déjà, j’ai réintégré mon cher appartement urbain et je ne les vois donc qu’à l’occasion, mais lui, il en prend toujours aussi grand soin, de ses poulettes. Elles ont en fait toute son attention, en attendant le printemps et l’arrivée des poulets, dindes et canards qui leur tiendront compagnie en attendant leur dernier voyage.

Quand tu te lances dans un projet dont l’ampleur a été évaluée par ton compagnon, méfie-toi. Rappelle-toi le bon vieux temps de ton mariage où un projet n’attendait pas l’autre : vous en aurez au moins pour deux fois le temps estimé au départ.