L’heure de la Souris

Après la naissance de mon Mini adoré, j’étais vraiment chamboulée. Entre autres bouleversements, j’ai commencé à me réveiller à l’aube, sans réussir à me rendormir ensuite. Malgré mes longues années d’insomnie, ça ne m’était jamais arrivé jusque-là. J’en ai fait des choses avant 7h à cette époque, croyez-moi, dont des pancakes vers 5h30, une première. J’ai aussi profité de ces instants bénis pour échanger avec ma chère sœur toujours réveillée aux aurores c’est-à-dire, dans notre jargon, à l’heure de la Souris (c’est mêlant, je le sais, mais dans cette expression la Souris, c’est elle).

Et bien que les grandes turbulences émotionnelles reliées à l’arrivée de mon souriceau se soient un peu calmées, il m’arrive encore, de façon assez régulière d’ailleurs, de me réveiller vraiment très tôt. Et comme ça fait déjà quelques mois que ça dure, j’ai appris à apprécier ces moments volés à la journée active et donc tout à fait disponibles pour mes petits plaisirs. En fait, même si je sais que je serai certainement crevée en après-midi, ils me sont devenus très précieux, ces espaces de luxe, calme et volupté.

Voici comment ça se passe en général.

Munie de mon premier expresso du jour (qui est déjà un très grand plaisir en soi), musique en sourdine, je m’installe sur le radeau déserté par Fiston (mon divan) et je parcours les nouvelles du jour (elles ne sont pas tellement emballantes par les temps qui courent, je l’avoue). Et ce faisant, j’échange avec ma chère sœur, la seule personne de mon entourage (du moins à ma connaissance) à être sur le piton aussi tôt. Le début de nos échanges matinaux est toujours le même. Je lui écris : « Levée à l’heure de la Souris ». Et le reste s’enchaîne : nouveautés dans notre vie personnelle, dans celle de nos héritiers et, bien sûr, dans celle de notre chère mère (il y a peu à dire de ce côté, sinon qu’elle n’a pas mis le nez dehors depuis neuf mois déjà et que c’est toujours aussi plate, sinon pire, qu’à l’automne). Une heure (au moins) et un second expresso plus tard, je suis prête à m’activer un peu.

Ces échanges entre Souris me rappellent nos séjours au soleil (ah, la mer!!!!!), dans l’ex-condo de ma chère sœur. À cette époque bénie pré-covid, nos journées débutaient tôt. Et hop!, elles sont parties vers le gym, la température extérieure étant déjà trop torride à cette heure pour notre constitution. Je me souviens particulièrement de l’un de ces voyages où nos deux plus jeunes fistons nous accompagnaient. Disons que nous avions un horaire plutôt décalé. Ma chère sœur et moi, on avait le temps de déjeuner, d’aller au gym, d’en revenir, de faire trempette dans la piscine et souvent d’aller faire les courses (nous en avons trimballé, des kilos de nourriture, durant ces deux semaines), avant que nos deux larves affamées n’émergent. Je me souviens aussi, toujours en raison de cet horaire décalé, que nous, les mères, avions rapidement pris l’habitude de cacher des fruits avant d’aller dormir, pour être bien certaines qu’ils ne seraient pas dévorés pendant la nuit. Sans doute désœuvrés, en début de séjour, les jeunots avaient en effet eu l’idée discutable de faire un concours de mangeurs de bananes avant d’aller dormir. Tant pis pour nous, donc, le lendemain.

Quand tu es réveillée aux aurores, savoure ces instants de paix qui te sont offerts. La vie s’activera bien assez vite et toi avec elle.