Quand j’étais enfant, je rêvais d’avoir un chat. Hélas, mes chers parents étaient loin de partager ce grand fantasme de petite fille et seuls des poissons ont pu s’ébattre vivants dans notre chaumière. Mon cher père avait en outre la fâcheuse habitude d’acheter les plus hideux de tout le petshop. Je n’ai jamais compris pourquoi. Jusqu’à ce qu’il finisse par les tuer tous d’un coup après avoir eu la bonne idée de mettre des cubes de glace dans leur aquarium par temps de canicule. Mais je m’égare et je reviens aux chats. C’est donc avec une grande fébrilité que l’Ex et moi, à l’aube d’emménager dans notre premier appartement assez taudis merci, on avait été chez une amie pour choisir notre minou à nous et j’ai nommé : Simone. Comme dans Simone, la cochonne, monte en haut que j’te savonne, etc. etc. que ma chère soeur aimait bien fredonner. Comme elle était légèrement agressive (la cristi de chatte, pas ma soeur), nous avons dû la donner en adoption après la naissance de Fifille dont elle semblait un peu jalouse. Fin de l’histoire.
Me voilà donc avec Fifille des années plus tard, dans un petshop un peu huppé, et paf!, nous avons le coup de foudre pour une bien mignonne petite chatte espagnole. Bon, c’est vrai qu’elle était vraiment jolie, mais c’est vrai aussi qu’elle m’a griffé dès que je l’ai prise dans mes mains et que ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille sur le fait qu’elle nous en ferait voir de toutes les couleurs par la suite mais, que voulez-vous, parfois on n’écoute pas ses intuitions. Après avoir contacté l’Ex pour avoir sa bénédiction avant de ramener Canada à la maison (elle était née le 1er juillet…), nous voici donc en route, Fifille et moi, avec la bête et tous les accessoires qui vont avec. Rien que pour voir la réaction de Fiston, quand même assez mini à l’époque, ça en valait la peine. Il en tremblait, tellement il était content qu’il y ait un vrai chat dans la boîte qu’il s’apprêtait à ouvrir. Rebaptisée Chatoune (je le sais, je le sais que c’est ordinaire et j’avais d’ailleurs assez honte chez la vétérinaire quand je devais répondre à l’appel de ce nom), la féline a donc commencé à partager notre vie. Et peu à peu, nous avons réalisé qu’il y avait un gros hic avec elle : elle avait un très mauvais caractère et de bien tristes habitudes.
Elle appréciait particulièrement pisser…
… dans les boîtes de plans de l’Ex, en le regardant bien dans les yeux
… sur les affaires des petits amis de Fiston qui restaient à dormir chez nous
… à différents endroits en fait, sauf dans sa litière pourtant très propre
Elle aimait bien aussi faire ses cacas un peu partout. C’est tellement vrai que plusieurs années après son trépas, l’Ex en retrouvait encore les traces dans son sous-sol.
Ses dernières bévues ont marqué la fin de son règne : elle a d’abord pissé tout à côté de ma tête pendant la nuit (ark ark ark) et le lendemain (je lui avait laissé une dernière chance sur l’insistance de Fiston) sur son lit à lui, justement. C’était une fois de trop. Exit, c’est fini, elle doit partir. Et pour des cieux meilleurs puisqu’elle n’est même pas donnable étant donné son petit vice non caché. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est la préposée de la SPCA qui m’a tant fait de bien et déculpabilisée surtout en affirmant que nous avions déjà été très bons d’endurer cette malpropre (c’est ce qui est écrit sur son certificat de décès, je vous le jure) aussi longtemps.
Nous voici donc Fiston (qui m’avait promis de ne pas pleurer) et moi en route avec elle pour son dernier voyage, comme le dirait l’Amoureux au sujet de ses dindons lorsqu’il les amène à l’abattoir. Tout ça pour dire que Fiston a tenu sa promesse, mais que moi, pourtant complètement à bout de cette bête insupportable, j’ai pleuré comme une bonne finalement en tendant toutes ses affaires à la préposée de la SPCA pourtant compatissante.
Les os y ont pu mal, à Chatoune, comme le dirait ma chère mère. Et moi, depuis ce temps, il n’y a plus un minou qui réussisse à m’émouvoir.
Quand tu choisis un animal de compagnie, méfie-toi de tes coups de cœur esthétiques. Tu risques de tomber sur une diva et d’en payer le prix par la suite.