Le Nutella et moi

L’Amoureux et moi, on cuisine plein de trucs : ketchups divers, relish, salsa, betteraves, tomates, compotes et j’en passe. Notre production est essentiellement pour nous deux (l’homme adore voir les pots pleins s’accumuler sur ses tablettes) mais, à l’occasion, nous la partageons avec des êtres chers triés sur le volet et qui l’apprécieront. Parmi ceux-ci, Fifille, gourmande et épicurienne avertie, est notre meilleure cliente. Elle dit toujours « miam, oui j’en veux ». Et ça me fait vraiment plaisir de remplir ma sacoche de vélo à ras-bord et hop, d’aller leur livrer tout ça à elle, son Chéri et mon Mini adoré. Et parfois, elle me rend la pareille et me fait découvrir ses trouvailles santé, sans produit laitier, gluten, soya, additifs et cochonneries diverses. Car voyez-vous, pour l’amour de son souriceau, Fifille a dû éliminer plusieurs aliments et condiments de son alimentation. Résultat : elle et son Chéri cuisinent pratiquement tout et ce qui entre dans leur panier d’épicerie est scruté à la loupe.

L’anecdote

Voici donc ma chère fille, qui connaissant bien sa maman, décide de me faire plaisir et de m’offrir un pot de tartinade choco-noisettes-café ayant réussi à passer le test de son contrôle-qualité. « Miam, me dit-elle. Tu vas voir, c’est écoeurrrrant ». Et moi, les années ayant passé, je ne me méfie pas et j’accepte le cadeau empoisonné. Car il y a un hic entre le Nutella (santé ou pas) et moi : j’en ai mangé des pots entiers, à la cuillère, pendant des années. Ma chère sœur aime d’ailleurs beaucoup me le rappeler. C’était dans le bon vieux temps, évidemment, bien avant l’arrivée de mes deux héritiers. Notre cher père devait d’ailleurs nous en acheter chacune un (énorme) pot pour éviter la discorde.

Par la suite, j’en ai acheté à mon tour une trallée de pots pour Fiston qui adorait ça lui aussi, mais sur des crêpes, ce qui est déjà mieux. Et tout ça, sans y toucher, même pour une seule petite cuillère. Je me croyais donc à l’abri de cette tentation sucrée. Eh non, depuis qu’elle me l’a donné, le pot de Fifille me travaille (un peu comme un sac de chips dans mon armoire). Pour les chips, c’est réglé : si j’en achète pour la visite (ce qui ne risque plus d’arriver), je m’assure de choisir une sorte que je n’aime pas. Mais là, c’est une autre histoire, il est bien là, chez moi, le pot tentateur.

Aux grands maux, les grands moyens : devant mon manque de contrôle (c’est sûr que je vais le manger à la cuillère en une soirée s’il reste chez moi), j’opte pour une solution drastique. Je supplie l’Amoureux, qui se fait prier pour la forme, de le faire disparaître en l’apportant avec lui bien loin de moi, dans sa chaumière. Il finit par dire « oui » bien sûr.

Ouf! Fiou! Je pourrai passer une soirée tranquille, sans être tracassée par mon garde-manger.

Quand tu penses être guérie de tes péché de gourmandise, méfie-toi. Ils sont plus tenaces que tu ne le penses.