Histoire de bestioles

Contrairement à moi, qui n’ai été propriétaire que d’une seule maison au cours de ma vie, ma chère sœur a possédé de son côté, avec mon ex Beauf, plusieurs chaumières, façon de parler, bien entendu. Or, quelques-unes d’entre elles sont mémorables, non pas tant en raison de leur qualités domestiques, mais plutôt grâce aux résidents indésirables qui avaient choisi d’y élire domicile, en même temps que mon aînée et sa famille.

Il y a eu…

Des rats. Ark ark ark. À la suite de méga travaux de rénovation piloté par l’Ex (je vous le dis, il ne restait plus un mur à l’intérieur) dans la seconde demeure située près d’un cours d’eau. Une presque invasion en fait puisque, comme l’ex Beauf ne voulait pas défrayer les honoraires exorbitants, j’en conviens, d’un exterminateur professionnel (il a peut-être eu raison, remarquez, on le verra plus bas), eh bien, disons que ça a été long un peu avant de trouver la source du problème. C’était en fait la douche, qui avait été installée sans évent, par un plombier butcheux ou trop pressé. Je n’y connais rien, mais je sais que mon neveu, tout mini à l’époque, était tombé nez à nez, façon de parler, avec l’une des bestioles qui cherchait désespérément à se hisser hors de la cuvette des toilettes. « Maman, maman, y a une souris dans la toilette! » a-t-il hurlé à ma chère sœur qui n’en croyait pas ses oreilles. Et cet individu n’était pas seul, trois ou quatre de ses comparses ont ainsi été retrouvés par la suite, morts ou sur le point de trépasser, par l’ex Beauf, transformé pour quelques semaines en chasseurs de rongeurs, pièges et poisons à la main.

Des souris. Vous direz que la situation s’améliore, mais attention, le meilleur reste à venir. Donc, dans la maison suivante qui était loin d’être une chiotte, hop, des souris dans les murs. Cette fois, par contre, la porte d’entrée des colocataires de la famille de ma chère soeur était connue : il y avait un trou quelque part dans la fondation j’imagine. Je ne l’ai jamais vu, ce trou, et je ne sais pas vraiment comment l’histoire s’est terminée puisque d’autres pensionnaires, nettement plus inquiétants, et salissants, se sont ensuite invités au logis.

Des ratons. Ou plutôt une ratonne et ses petits. Or, on le sait, une mère, il ne faut pas trop la contrarier, surtout si elle est accompagnée de sa progéniture. C’est donc pour ça que la ratonne en question crachait et grognait avec tant de fureur, réfugiée dans le plafond de la salle de bain de mon aînée, devant mon ex Beauf masquée et ganté qui essayait courageusement de les déloger à la mitaine, elle et ses héritiers. Ça n’a pas marché et vous devriez voir ma filleule imiter son père dans cette opération périlleuse. Y a de quoi rire. Devant cet échec, l’ex Beauf a abdiqué, accepté de mettre la main dans son portefeuille, et appelé un professionnel du domaine en renfort. 600$ cash et 2 heures plus tard, l’affaire devait être dans le sac et la petite famille pouvait enfin mieux respirer. Eh non, c’était trop espérer : leur professionnel, pourtant repéré dans les pages jaunes, c’était un crosseur et les ratons étaient toujours là. Encore ici, je ne connais pas vraiment la fin de l’histoire, mais j’imagine que l’homme de la maison a dû affronter la bête à nouveau, malgré sa peur. Après tout, quelqu’un devait bien protéger femme et enfants.

Quand ta sœur est aux prises avec différents types de rongeurs depuis des années, tu peux choisir d’en remettre et de lui demander, hilare au téléphone, « Comment ça ra? ». Prends bien soin par contre de ne pas avoir trop d’attente face à sa réaction. Tu risques d’être déçue.