Fiston et sa dent perdue

Pour moi, les dents, c’est quelque chose de très précieux. Dans mes pires cauchemars, elles se mettent à trembler toutes ensemble, ne tenant qu’à un fil et menaçant de se décrocher au moindre mouvement. Rien qu’à y penser, j’ai des sueurs.

L’anecdote

Un beau soir d’été, Fiston part en bicycle à pédales avec ses amis. Bien sûr, ils ne font pas du vélo de route, mais plutôt différentes stepettes au guidon de leur bécane. Quelques heures plus tard, appel d’urgence de son ami : Fiston a fait une stepette de trop sans doute, il est tombé et, s’est pété les palettes au passage sur son fameux guidon. Ouch!. Plus que pétées en fait, puisque l’une d’elle s’est envolée. Littéralement. Partie donc la dent de devant, un peu croche, mais qui donnait à Fiston un sourire si craquant qu’il ne retrouverait jamais (je dramatise, je sais, mais c’est quand même vrai. Un dentiste ne remplace jamais une dent croche par une nouvelle tout aussi croche). Bref, le père de l’adolescent éclopé part le récupérer en voiture et me ramène mon cadet, passablement amoché et édenté pour de vrai. Le beau de l’affaire, il n’a pas l’air de s’en faire avec ça. Au hockey, c’est fréquent. Mais pour moi, ça va nettement moins bien. Fiston est amputé, diminué, ne sera plus jamais lui-même. Et pour une fois, je remercie le ciel que ma belle-mère de l’époque soit là : moi qui ne fume plus social depuis des années, je fume comme un pompier avec elle toute la soirée. L’histoire se termine quand même bien car dès le lendemain, nous devenons une urgence dentaire, mon édenté et moi, et avons droit au traitement vip de notre cher dentiste. Comme sa croissance n’est pas terminée, Fiston aura une temps amovible temporaire (qu’il flushera plus tard sans même sans rendre compte en vomissant après une soirée trop arrosée) en attendant qu’on puisse lui implanter un très coûteux implant.

Quelques années plus tard…

Mon plus jeune est devenu adulte et son père et moi, décidés à arrêter de payer au plus tôt le faramineux plan d’assurance élargi qui couvre en principe les soins dentaires. Le temps de l’implant est venu. Le dentiste désigné pour le processus fournit un plan de traitement détaillé que je retransmets à notre dispendieuse compagnie pour une prédétermination. Plusieurs semaines et bien des démêlées plus tard, car entretemps elle a perdu tant les documents papier qu’électroniques transmis, la compagnie, je reçois la bonne nouvelle que notre couverture ne couvre en fait pas grand-chose. Des pinottes. Re-ouch! L’Ex et moi comprenons donc qu’après avoir payé une fortune pendant des années, lorsque le temps est enfin venu de récupérer un peu de notre investissement (!), désolé, bien désolé, mais les codes des actes fournis par votre dentiste ne sont pas couverts par votre régime. Pouet pouet pouet. On ne nous y reprendra plus.

Quand tu te démènes avec ta compagnie d’assurances qui ne veut pas coopérer, accroche-toi , mais au bout d’un moment adopte le lâcher-prise. Tu n’auras pas le gros bout du bâton.