Y a toujours ben un bout à se laisser empissetter!

Les aléas, je vous le dis, ont parfois des avantages. Comme celui d’être justifiée d’avoir une humeur plus à pic, disons-le poliment. Et de ne pas l’envoyer dire quand la coupe déborde. Et ça, bien que ça doit couler dans mes veines, grâce aux réparties assassines de mon cher père, qui n’avait pas que des amis, c’est tout à fait nouveau pour moi. Car voyez-vous, j’ai été bien élevée. Ce qui veut dire, en clair, pour une femme de mon âge : ne fais pas de vagues, même si les autres t’emmerdent royalement et n’ont rien à faire de tes histoires pourtant palpitantes, reste zen et tout sourire. Comme si, pour être appréciée, il fallait à tout prix faire la carpette et se fondre dans le décor. Ça peut faire un temps, j’en conviens et, surtout, ça sauve bien des malaises entre amis ou en famille. Mais bon, que voulez-vous, une fois les aléas installés (ah ah, elle a le dos large, la ménopause), ça sort tout seul. Et vlan! La revanche est douce au cœur de la sauvage qui a refoulé ses répliques cinglantes depuis des années pour ne pas avoir à courir chez la psy, comme sa grande amie après un souper bien arrosé où elle s’était enfin exprimée (un peu trop vivement).

L’anecdote

Je l’ai déjà écrit, au début de la pandémie, j’en avais vraiment plein le dos de lire tous les jours dans les journaux que j’étais parmi les vulnérables grâce à mon élixir onéreux et immunosupresseur. Je le sais, j’y pense tous les jours, je tiens Fiston adoré à distance et l’Amoureux et moi on fait des pieds et des mains depuis mars dernier pour se prémunir du virus. Bref, je n’ai pas besoin que quelqu’un me rappelle en plus que j’ai une condition particulière.

Or, lors d’une conversation tout à fait banale et à distance entre collègues, je glisse rapidement que je suis allée prendre une (grosse) bière sur une terrasse la semaine précédente avec une amie.

Et l’une de rétorquer : « Ah, je pensais que tu ne sortais pas. Tu n’as pas peur? bla bla bla ».

C’est là que c’est arrivé. Ça a sorti tout seul, je vous le jure (merci merci les aléas et les gênes rebelles de mon cher papa) : « Et toi, avais-tu peur lors de ta randonnée en fin de semaine? ».

Acculée au pied du mur, ma chère amie (que j’aime vraiment beaucoup et ce n’est pas une blague) a bien été obligée de cracher le morceau : « Heu… non, mais moi, je suis moins à risque que toi, bla bla bla. »

La fin de l’histoire : au terme de la conversation, j’étais encore passablement remuée, mais j’avais passé mon message (j’ai eu droit à un beau mot d’excuse très sincère par la suite que j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié) et je n’ai pas fini en pleurant pendant des heures dans les bras de l’Amoureux.

Quand la ménopause s’empare de toi, pourtant si douce et docile (ben quoi), fais tout de même un peu attention. Tu pourras alors conserver un certain réseau social.